Radio Mindelo: Les folles histoires des prétendants à l’Atlantique
La marina de Mindelo, au Cap-Vert, est un point de passage incontournable pour les navigateurs en route vers les Antilles. Entre les derniers ajustements techniques, les adieux aux proches et l'excitation du grand départ, l’ambiance y est unique. Dans cet épisode, Lucie et Yohan partagent leurs rencontres et observations sur les pontons, entre marins expérimentés et aventuriers en quête d’un embarquement pour la transat’.
Une dernière journée à Mindelo avant le grand saut
Le 5 janvier marque probablement le dernier jour au Cap-Vert pour Lucie et Yohan. Une fenêtre météo favorable se dessine pour les jours à venir, avec une houle annoncée de 3 à 3,5 mètres dans quelques jours. "Ça n'a pas l'air de faire peur au capitaine, alors je vais leur faire confiance. De toute façon, je n’ai pas le choix."
Avant de quitter le port, ils ont pris soin de télécharger des podcasts en masse pour occuper les longues journées de navigation. Mais surtout, ils ont cherché à s’inspirer des expériences des marins croisés dans la marina.
"Ce qui frappe ici, c’est la diversité des profils et des bateaux qui s’apprêtent à traverser l’Atlantique. Il y a de véritables palaces flottants avec cuisine extérieure et salon panoramique… et puis il y a des bateaux comme le nôtre, parmi les plus petits du port."
Les bateaux diffèrent, mais tous partagent le même rêve : atteindre l'autre rive de l'Atlantique.
La marina de Mindelo, point de départ de nombreuses Transatlantiques (Photo - Pierre-Emmanuel HUTEAU)
Michel, 63 ans et un bateau qui refuse de s’arrêter
Parmi les figures marquantes rencontrées sur les pontons, Michel attire tout particulièrement leur attention. Son bateau en aluminium de 14 mètres a un passé hors du commun.
"Ce bateau, je l’ai acheté une première fois en 1993 pour faire une course en solitaire, la Transat’ Anglaise. Puis je l’ai revendu en 2000… avant de retomber dessus par hasard en 2022. Je me suis dit : ce bateau doit naviguer. Alors je l’ai racheté."
Depuis, Michel navigue sans contrainte de temps, simplement porté par l’envie de voir jusqu’où son sillage le mènera. Mais son périple a connu quelques péripéties, dont un incendie électrique à Gibraltar.
"Je me suis arrêté à Gibraltar pour manger un fish and chips, et dix minutes après, mon bateau était en flammes. Heureusement, un voisin au mouillage a couru chercher tous les extincteurs possibles."
Cet incident aurait pu mettre un terme à son aventure, mais Michel a tenu bon. Il a réparé, s’est adapté et a repris la mer. "C’est exigeant, la mer ne pardonne rien. Mais il faut toujours avancer."
Les derniers conseils de Michel avant le grand saut ! (Photo - Pierre-Emmanuel HUTEAU)
Octave, 30 ans, télétravailleur autour de l’atlantique
Autre rencontre inspirante : Octave, propriétaire d’un dériveur en aluminium de 11 mètres baptisé Tamarin. À 30 ans, il a quitté Rochefort en octobre pour un tour de l’Atlantique de dix mois.
"L’idée, c’est de tester la vie en navigation longue durée. Voir si ça me plaît, voir ce qui doit être amélioré sur le bateau, sur moi, sur mon mode de vie."
Contrairement à Michel, Octave doit composer avec une contrainte financière et travaille depuis son bateau. Un défi logistique et mental :
"Je bosse un ou deux jours par semaine à distance. Ce n'est pas évident de rester concentré sur un ordi quand tu es au mouillage dans un cadre idyllique, mais ça me permet de financer le voyage."
Il navigue avec Lora, rencontrée sur le site de la bourse aux équipiers, et Louis un ami de Laura, et hésite encore à embarquer une quatrième personne pour la traversée. "Le bateau n’est pas immense, mais le stock de bouffe est large. On verra si on croise quelqu’un avec qui ça match vraiment."
Octave tout sourire sur son bateau jaune qui ne passe pas inaperçu (Photo - Pierre-Emmanuel HUTEAU)
Les étudiants de Ti zef Sails : un tour de l’Atlantique en projet d’école
Lucie et Yohan rencontrent aussi une bande de jeunes marins aux profils atypiques. Félicien, Clément et Loan ont acheté leur voilier de 11 mètres dans le cadre d’un projet d’école: Ti Zef Sails.
"On a financé le bateau avec des prêts étudiants et quelques partenaires privés. Objectif : faire un tour de l’Atlantique et en tirer un film et un livre."
Pour eux, cette traversée est une expérience formatrice autant qu’un défi maritime. "On est en école d’architecture navale, alors quoi de mieux que d’expérimenter un voilier au long cours ?"
Les bateau-stoppers : embarquer à tout prix
Sur les pontons de Mindelo, un phénomène intrigue l’équipage de Camogli: la ronde des bateau-stoppers. Ces voyageurs tentent de se faire embarquer sur un voilier pour traverser l’Atlantique, souvent sans expérience.
Louise et Mel font partie de ceux qui cherchent un bateau. Mais contrairement à certains, elles ont un vrai bagage nautique et savent ce qu’elles recherchent.
"On veut être équipières, pas juste passagères. On participe à la navigation, aux manœuvres, à la vie à bord."
Elles racontent aussi les dérives de certains départs précipités : des équipages inexpérimentés, des bateaux sous-équipés, des problèmes de sécurité.
"Certains bateaux partent avec un radeau de survie pour quatre alors qu’ils sont cinq à bord. Des navigateurs n'ont jamais testé leur matériel avant la traversée."
Le bateau-stop attire aussi des aventuriers sans expérience, parfois uniquement motivés par l’aspect écologique ou le rêve de voyage. Mais la mer ne s’improvise pas.
"Si tu n’as jamais navigué, ne commence pas par une transat. Teste-toi en Méditerranée ou en Manche avant de t’engager sur trois semaines en haute mer."
Les petites annonces des bateaux-stoppers s’affichent dans la Marina de Mindelo (Photo - Pierre-Emmanuel HUTEAU)
Dernière nuit à Mindelo avant l’inconnu
Pour Lucie et Yohan, cette nuit est la dernière passée à quai avant de se jeter dans l’Atlantique. Douche chaude, appel aux proches, derniers instants de confort. L’heure du départ approche.
La suite, c’est l’océan, l’inconnu et l’aventure.
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