Traversée de l'Atlantique : les sept premiers jours en mer

Traverser l'Atlantique à la voile est une aventure hors norme, un voyage initiatique où chaque jour apporte son lot de découvertes et de défis. Dans le cadre du podcast The Other Side, nous avons embarqué à bord de Camogli, un monocoque de 10 mètres, aux côtés de Lucie et Yohann, deux jeunes skippers passionnés. Le récit du jour vous emmène dans les sept premiers jours de cette odyssée, où l’amarinage, la découverte et les premières frayeurs se mêlent à la beauté brute de l’océan. Montez à bord avec nous, et laissez-vous porter au gré des vents et des vagues.


Une immersion totale dans l'océan et l'inconnu

Le 6 janvier, c'est le grand jour. Mindelo, ville portuaire du Cap-Vert, s'éveille sous un soleil déjà ardent alors que l'équipage de Camogli, s'apprête à larguer les amarres. La tension est palpable sur les pontons, mêlant excitation et appréhension.

Les derniers préparatifs sont faits, les adieux sont échangés, et le moment tant attendu arrive enfin.

Au son des cornes de brume et des encouragements des autres marins restés à quai, le bateau s'éloigne doucement du rivage.

L'Atlantique s'ouvre devant eux, immense et inconnu.

La baie de Mindelo s’éloigne dans le sillage de Camogli (Photo - Pierre-Emmanuel HUTEAU)

Les premières heures de navigation

Les premières heures de navigation sont particulièrement intenses. Il faut sortir du port, s'adapter aux vents, vérifier les instruments et s'assurer que tout fonctionne comme prévu.

« “J’ai toujours un stress au départ, mais une fois qu’on est en mer, c’est différent” »
— Lucie

Le sourire de Lucie au départ de Mindelo (Photo - Pierre-Emmanuel HUTEAU)

Le vent est stable, et le cap est donné : direction les Antilles. Mais un élément perturbateur fait rapidement son apparition : l'amarinage, cette phase d'adaptation physiologique à la vie en mer.

L'amarinage : entre mal de mer et adaptation

Dès les premières heures, Pierre-Emmanuel ressent une sensation d'inconfort.

"Ma plus grande crainte avant de partir, c'était la gestion du mal de mer", avoue-t-il. Après un passage dans la cabine pour chercher du matériel, la nausée s'installe brutalement.

Il sort rapidement prendre l'air et avale un médicament contre le mal de mer. Peu à peu, il commence à comprendre comment son corps réagit à la houle incessante.

Lucie, habituée à ces conditions, organise les quarts de nuit. Chacun doit veiller à tour de rôle, scruter l'horizon, ajuster les voiles et s'assurer que le bateau suit le bon cap.

« Le premier jour est toujours un peu le plus dur, on doit prendre nos marques, mais une fois que le rythme est pris, tout devient plus fluide. »
— Yohann

Yohann ready pour la grande traversée ! (Photo - Pierre-Emmanuel HUTEAU)

Premiers doutes et premières nuits en mer

La première nuit en mer est une expérience singulière.

Entouré d'obscurité, Camogli avance dans une immensité liquide, seul sous un ciel étoilé.

Pierre-Emmanuel, en charge de son premier quart de nuit, lutte contre le sommeil. "Je pensais que ce serait long, mais finalement, c'est passé assez vite", dit-il. Il observe la mer, réajuste les voiles et note les éventuels mouvements de bateaux alentours grâce au système AIS.

Au lever du jour, les visages sont tirés.

« Les premières nuits, c’est toujours une adaptation, on doit s’habituer à un sommeil fractionné, apprendre à dormir en étant secoué dans tous les sens. »
— Lucie

La nuit se couche sur Camogli (Photo - Pierre-Emmanuel HUTEAU)

Le mental mis à l'épreuve

Les jours suivants, le mal de mer laisse place à la fatigue accumulée.

Les gestes deviennent plus automatiques, mais la répétition des tâches et l'isolement pèsent sur le moral.

« Tout devient une mission: se déplacer, attraper une bouteille d’eau, juste s’habiller, tout est plus long et plus fatigant. »
— Pierre-Emmanuel

Les premières réelles difficultés mentales apparaissent. "Je me demande vraiment ce que je fais là", avoue-t-il lors d'un enregistrement audio nocturne. L'océan semble infini, et la progression, pourtant constante, semble minime face à l'immensité du trajet restant.

Des premiers jours difficiles pour Pierre-Emmanuel (Photo - Lucie Blanco)

Premiers frissons et contemplation

Puis, doucement, le corps et l'esprit s'adaptent.

L'équipage commence à savourer les moments suspendus que seule une traversée océanique peut offrir.

Un lever de soleil magique après une longue nuit de veille, le ballet des étoiles filantes dans un ciel d'une pureté absolue, les éclats d'argent des poissons volants fendant la surface de l'eau.

« Le temps prend une autre dimension ici. On n’a plus de référence, on avance à 10 km/h mais dans un décor qui semble immuable. C’est fascinant. »
— Pierre-Emmanuel

Les incroyables couchers de soleil de l’Atlantique (Photo - Pierre-Emmanuel HUTEAU)

Cap vers l'inconnu

Ces premiers jours de traversée sont une véritable épreuve physique et mentale. Le cap est tenu, la routine s'installe, et l'équipage commence à apprivoiser l'océan. Pourtant, ils ne sont qu'au début de l'aventure.

De nouvelles épreuves les attendent, des vents plus forts, des nuits plus dures et des moments de doute encore plus intenses.

La traversée ne fait que commencer. Restez à l'écoute pour vivre avec eux la suite de cette aventure hors du commun.

Lucie & Yohann en route vers les Antilles (Photo - Pierre-Emmanuel HUTEAU)


Retrouvez tous les épisodes de The Other Side

Précédent
Précédent

Amarinage: 7 Conseils pour apprendre à le gérer en navigation

Suivant
Suivant

Transatlantique: 6 conseils d’un vieux loup de mer pour une traversée réussie